Usage du Siccatif flamand (Villanov’art)

Article initialement publié le 5 janvier 2008 sur le site disparu Villanov’art

Frank Cadogan Cowper, Vanity, 1907, Royal Academy of Arts, London. Copyright Frank Cadogan Cowper 1958
Frank Cadogan Cowper, Vanity, 1907, Royal Academy of Arts, London.
Copyright Frank Cadogan Cowper 1958

Le siccatif flamand, comme son cousin le Siccatif de Harlem, n’est pas un siccatif au sens du métier, c’est un medium, donc un additif à la pâte de pigment broyé à l’huile, à laquelle il donne une grande dureté, un aspect émaillé, de remarquables facilités de modelé et une bonne siccativité. Ses qualités s’exprimeront au mieux sur fonds lisses ou faiblement grenus.

Le siccatif flamand a les défauts de ses qualités : sa rapidité de prise implique de travailler assez rapidement ou au moins plage par plage comme pour la fresque, et la dureté conférée à la pâte provoque souvent des refus du fond.

Comme nous l’avons vu précédemment, on peut le confectionner selon deux grands procédés. Le procédé par le « Magisterium succini » donnera une pâte relativement sèche, très dure et très siccative. Le procédé classique donnera une pâte plus souple, s’arrondissant sous la touche, moins siccative et autorisant une exécution fouillée.

Pour un travail de longue haleine, le siccatif flamand gagne a être tempéré par un baume comme la térébenthine de Venise ou de Strasbourg, la résine élémi ou le baume du Canada. Le regretté Xavier de Langlais a très bien développé le sujet dans son ouvrage sur la technique de la peinture à l’huile.

Le siccatif flamand, et toutes ses déclinaisons à base de résine copal, fut le medium de prédilection des peintres du mouvement Pre-Raphaelitequi, justement, travaillaient leurs tableaux une plage après l’autre, comme les primitifs flamands.

L’usage du siccatif flamand est devenu très confidentiel chez les peintres actuels qui lui préfèrent les résines synthétiques des plus clinquantes, mais un renouveau de son emploi semble se dessiner depuis quelques années aux USA.

Rappelons nous que l’exécution d’une peinture à l’huile met en oeuvre une pâte de pigment broyé à l’huile + un medium + un diluant. Le siccatif flamand pur ne peut en aucun cas être utilisé comme un diluant (cf. l’article précédent sur « le Medium »).

Le magnifique tableau de Frank Cadogan Cowper a été choisi en frontispice de cette livraison car ce grand artiste, né en 1877 et décédé en 1958, fut le dernier représentant de la confrérie Pre-Raphaelite et donc le plus proche de nous.

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