Le blanc à impasto… ou « Putrido » (Villanov’art)

Article initialement publié le 15 février 200 sur le site disparu Villanov’art

Rembrandt van Rijn, (1606-1669), autoportrait (détail), 1665, Huile sur toile, Kenwood House, London.
Rembrandt van Rijn, (1606-1669), autoportrait (détail), 1665, Huile sur toile, Kenwood House, London.

Le blanc à impasto est une tempera grasse, une relique du vieuxprocédé flamand oublié depuis longtemps. Il sert à peindre des empâtements et fut encore utilisé jusqu’au XIXème siècle pour créer des rehauts clairs saisissants. Le plus célèbre utilisateur de l’impasto fut Rembrandt.

L’usage de l’empâtement pour les rehauts clairs en opposition aux ombrés en pâte mince fut la norme des usages flamands du XVIIème. La réalisation de ces empâtements a fait l’objet de moultes conjectures et le succès d’Internet n’a pas arrangé les choses, tout le monde y est allé de son hypothèse, de l’adjonction de plâtre ou de craie à la pâte jusqu’à l’utilisation à outrance de l’huile de lin brûlée et autres.

Le blanc à impasto se fait très simplement et était d’un usage très courant dans les ateliers, notamment dans une utilisation détournée… pour soutenir les repentirs.

On le fait de deux façons :

– la plus rapide : on malaxe sur la palette du jaune d’oeuf avec du blanc d’argent ou de titane broyé à l’huile (couleurs en tubes), pas plus d’un tiers de jaune (en volume) et on allonge avec son diluant habituel. Si l’on ajoute trop de jaune la pâte sera trop ferme et inapplicable.

– la plus solide : on malaxe sur la palette du jaune d’oeuf avec dupigment de blanc d’argent ou de titane jusqu’à obtention d’une pâte ferme. On mélange ensuite1 volume de cette pâte avec 1 volume de blanc d’argent ou de titane broyé à l’huile (couleurs en tubes). on allonge comme précédemment avec son diluant habituel. On peut lier le pigment avec de l’oeuf entier plutôt que du jaune seul si on veut une pâte plus souple, mais on altèrera les qualités de l’impasto.

Dans les deux cas on obtient un blanc très opaque et très siccatif qui a la propriété de garder la touche donné par le pinceau, il ne s’affaisse pas et devient très dur au séchage.

Ce procédé ne s’applique pas qu’au blanc, on peut l’employer avec tous pigments à l’exception des laques. Les empâtements se glacent très facilement et donnent les fameux rendus mordorés de Rembrandt.

Les Italiens l’appelaient « Putrido » parce que la pâte dégageait une odeur putride au séchage (ils préparaient de la pâte à l’avance qu’ils conservaient en petits pots recouverts d’eau pour l’empêcher de sécher… mais pas de pourrir).

On peut très bien substituer de la colle à la caséïne ou du liant méthyl cellulose, à l’oeuf. Il y a d’ailleurs de fortes présomptions que Rembrandt ait utilisé quelquefois de la colle de fromage (caséïne + chaux), c’est du moins ce que l’on peut conclure de l’analyse de quelques tableaux.

José Colombé

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