Article initialement publié le 16 février 2008 sur le site disparu Villanov’art
La principale difficulté rencontrée dans la lecture des textes de techniques picturales réside souvent dans l’ambiguïté des termes employés. La notion de technique mixte en est un bon exemple.
Première définition : chez Villanov’art nous nous réfèrons au sens historique du procédé et entendons par « technique mixte » un travail exécuté au préalable à la tempera maigre ou grasse (ou les deux à la fois), terminé par des glacis ou « velature » à la peinture à l’huile, tel qu’on peut le voir dans le tableau de Lluís Borrassà précédemment évoqué. Cette manière a vu le jour vers 1350, avant la mise au point du procédé flamand.
De même nous parlerons de technique mixte pour un travail en détrempe quelconque achevé au pastel.
Seconde définition : qui semble être devenue le standard actuel via l’usage anglo-saxon. Il s’agit là d’une toute autre technique qui consiste à peindre à tempera grasse sur une couche exécutée à l’huile. Cette couche peut être une imprimatura colorée fraîche ou une couche sèche. Dans ce dernier cas, la tempera, blanche ou au moins très claire, servira surtout à marquer les lumières sur le sujet. Que la couche de dessous soit fraîche ou sèche, la tempera permettra d’exécuter facilement les modelés, avec l’opportunité de créer, au passage, de délicats gris optiques (principe premier de la velatura). Ces plages de tempera seront ensuite reprises à l’huile.
On peut tout simplement appeler cette technique mixte le procédé flamand.
Son usage a perduré, partiellement, jusqu’au XIXème siècle avec les blancs à « impasto », ou « putrido », liés à l’oeuf.
Deux excellents auteurs ont très bien décrit cette technique :
– Max Doerner, The materials of the artist and their use in painting ,Harcourt 1984. Première édition en allemand : 1934. (au chapitre sur la technique des Vieux Maîtres).
– Nicolas Wacker, La peinture à partir du matériau brut, Éditions Allia, seconde édition 2004. Première édition par l’auteur 1980. (Ce livre est remarquable et injustement méconnu).
Notes sur le tableau figuré en frontispice : cette étude a été réalisée à la tempera grasse, puis reprise avec des glacis et « velature » à la peinture à l’huile, sur un enshuilage au vernis d’huile de noix cuite à la couperose additionnée de térébenthine de Venise.