Article initialement publié le 21 avril 2008 sur le site disparu Villanov’art)
Le jaune de Naples, le vieux Giallorino des Italiens, est le produit d’une calcination de plomb et d’antimoine (un antimoniate de plomb), plus divers autres ingrédients ajoutés selon la fabrication. Il est connu depuis l’antiquité et tombé en désuétude aujourd’hui, victime de la défaveur des pigments au plomb. Les artisans napolitains avaient la quasi exclusivité de sa fabrication au XIVème siècle, et il est rapporté qu’on pouvait le trouver à l’état naturel sur les pentes volcaniques (mais il semble que les avis divergent sur ce point). Peu importe les querelles de chapelle, c’est un très vieux pigment utilisé « à fresco », « alla tempera » et à l’huile.
Selon sa préparation et son temps de cuisson sa couleur varie du jaune clair vif au jaune chaud, en passant par le jaune sourd, .
Il a été dit beaucoup de choses négatives à son sujet, généralement par des gens qui n’en ont qu’une petite expérience. Le jaune de Naples est un pigment très opaque, plein et gras sous le pinceau, très siccatif et stable quoi qu’on en dise. Je l’utilise depuis une trentaine d’années et n’en ai vu aucun signe d’altération, contrairement au jaune de chrome pour lequel on a voulu quelquefois le faire passer.
On dit que le contact du métal le fait noircir, et qu’il vaut mieux utiliser des couteaux à palette en plastique ou en corne. Je l’ai toujours broyé avec de l’huile de lin et je n’avais jamais constaté ce fait jusqu’à récemment où ce n’est semble-t’il pas mon couteau à palette habituel en acier qui a fait verdir le pigment, mais à ma grande surprise l’huile de noix que je lui associai pour la première fois ; et précisément la conjonction couteau de fer et huile de noix, car l’opération répétée avec un couteau de plastique n’a induit aucune altération (toute information sur ce point serait la bienvenue).
Ce pigment n’étant quasiment plus fabriqué, les substituts sont nombreux et très inégaux en qualité. Ils sont à peu près tous le produit du mélange de blanc de zinc et de jaune de cadmium ou azo, rompu par de l’ocre jaune ou du jaune oxyde de fer. Il est évident que ces mélanges n’ont ni la luminosité, ni la siccativité, ni l’opacité, ni les qualités optiques, ni la plasticité du vrai jaune de Naples.
Le jaune de Naples est inimitable et ne le trouvant plus que très difficilement, la meilleure solution est encore de le fabriquer soi-même si on le peut, il suffit simplement de disposer d’un four de potier ou d’émailleur.
Curieusement les primitifs « flamands », au sens large, et leurs héritiers, ne l’ont guère ou pas employé, lui préférant son cousin le jaune de plomb-étain, le plus souvent glacé aux laques végétales.
José Colombé
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