Le vernice chiara (Villanov’art)

Article initialement publié le 14 décembre 2007 sur le site disparu Villanov’art

Albrecht Dürer, Autoportrait (détail), Alte pinakothek, Munchen, 1500 - Huile sur bois
Albrecht Dürer, Autoportrait (détail), Alte pinakothek, Munchen, 1500 – Huile sur bois

Dès les années 1200 on trouve un autre vernice couramment utilisé avec le vernice liquida, il s’agit du vernice chiara connu hors d’Italie comme le vernis blanc ou le vernis clair. Ce vernice existait déjà depuis longtemps mais apparemment peu employé.

Quand ces deux vernici ne furent plus cantonnés au simple vernissage mais incorporés aux pigments en qualité de medium, leur usage fut clairement réparti. Le vernice liquida de teinte sombre, voire rougeâtre, quand il était préparé avec la sandarac, convenait mal au travail de certaines couleurs et on le réservait aux teintes sombres. Pour traiter les clairs, les verts et les bleus on lui substituait le vernice chiara. Dans la belle collection italienne du Musée Fesch, on peut déterminer les différents vernici utilisés sur quelques tableaux par l’épaisseur des couches de peinture : les parties traitées avec le vernice liquida sont plus épaisses que celles traitées au vernice chiara, de plus l’aspect de surface est différent. L’exemple le plus connu est le portrait de Jules II par Raffaello Sanzio, à la National Gallery, les craquelures des parties peintes avec le vernice liquida à la sandarac sont petites et granitées, celles des parties peintes au vernice chiara sont longues et de surface plus lisse.

Le vernice chiara, plus cher que le liquida, était utilisé avec parcimonie. On le préparait à la chaleur comme le vernice liquida en faisant fondre de la résine mastic ou de la résine de sapin pectiné (Abies pectinata ou taxifolia) ou quelquefois les deux résines mélangées, avec deux parties d’huile de noix (en poids). Ces résines fondant plus rapidement que le copal ou la sandarac, on chauffait moins longtemps et moins fortement le vernice chiara, évitant ainsi la carbonisation de ses constituants et par là même son assombrissement. Il existait un vernice de qualité inférieure appelé Gloriat préparé avec la résine de pin maritime ou de pin Lariccio.

Ces deux vernici, quand ils furent allongés d’essence par la suite, eurent une très longue carrière : le « chiara » eut la préférence des Italiens, et le « liquida » au copal donna le fameux siccatif flamand dont nous parlerons ultérieurement.

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